CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS CHRÉTIENS

CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS CHRÉTIENS
CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS CHRÉTIENS

CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DES SYNDICATS CHRÉTIENS (C.I.S.C.)

À la fin du XIXe siècle se créent en France, en Allemagne et dans d’autres pays européens des syndicats chrétiens. À l’exception de la France, dont le Syndicat des employés de l’industrie et du commerce parvient à se faire reconnaître du Secrétariat professionnel international des employés, les autres centrales décident de se regrouper à Munich en 1908: l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, la Russie, l’Italie, la Suède, la Suisse créent un Secrétariat international des syndicats chrétiens. Ce sont de loin les syndicats chrétiens allemands qui l’emportent en influence et qui s’affirment favorables à une centralisation. Les syndicats français n’adhèrent qu’en 1912, surmontant leurs réticences à l’égard de l’hégémonie allemande.

La Première Guerre mondiale entraîne la cassure du Secrétariat en deux organisations rivales. Mais, en 1919, les Pays-Bas jouant le rôle de médiateurs, la réunification a lieu lors du congrès de La Haye, qui fonde la Confédération internationale des syndicats chrétiens (C.I.S.C.): quatre-vingt-dix-huit délégués représentent trois millions et demi de salariés, essentiellement d’Europe occidentale. Les syndicats allemands représentent encore un tiers des mandats. En outre, les conséquences de la guerre entraînent de vives querelles entre syndicats français et syndicats allemands: les Français exigent des Allemands la reconnaissance de leur responsabilité dans le conflit et la nécessité des réparations. Aussi l’exécutif de la nouvelle internationale échoit-il aux pays non engagés (pays nordiques et Pays-Bas). Le congrès prend nettement position contre la révolution russe.

L’organisation mise en place, restent à définir les orientations: le congrès d’Innsbruck, en juin 1922, adopte un programme fondé sur la morale chrétienne, mais sans référence aux encycliques papales afin de permettre aux protestants et aux catholiques de cohabiter dans l’internationale syndicale. Le congrès affirme que la seule finalité sociale est l’épanouissement de la personne humaine; la confédération chrétienne rejette le libéralisme comme elle rejette le socialisme. Elle refuse à l’État un quelconque rôle producteur et ne lui accorde qu’un rôle de coordinateur; aussi s’oppose-t-elle aux nationalisations. Enfin, la lutte des classes ne peut être dépassée que par l’organisation corporative, qui crée les conditions d’une collaboration entre patrons et ouvriers.

Dès ses débuts, la C.I.S.C. doit affronter deux problèmes. D’abord, son existence est contestée par sa rivale socialiste, la Fédération syndicale internationale, qui lui refuse toute représentativité au sein des organismes internationaux tels que le Bureau international du travail. Ensuite, la montée des fascismes lui ôte deux de ses sections les plus importantes, l’italienne puis l’allemande. Elle doit, en 1938, se désolidariser de sa section autrichienne, qui s’est intégrée dans l’organisation fasciste instaurée par le chancelier Dollfuss; la présidence de la Confédération est alors assumée par les Français en la personne de Jules Zirnheld.

À la Libération, la C.I.S.C. refuse les propositions d’unification de la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.), comme elle refusera un peu plus tard celle de la Confédération internationale des syndicats libres (C.I.S.L.): il lui semble nécessaire de maintenir le pluralisme au sein du mouvement ouvrier; aussi n’accepterait-elle d’adhérer que si elle conservait son autonomie politique et organisationnelle. Réaffirmant le principe de la collaboration des classes, elle rejette à nouveau toute étatisation et toute nationalisation (congrès de Bruxelles, oct. 1945). Le congrès de Lyon (1949) semble marquer un relatif infléchissement de l’orientation de la C.I.S.C.: elle refuse le comportement du monde occidental face à la F.S.M. et proteste contre la décision du gouvernement français d’expulser celle-ci de France, mais surtout elle définit la cogestion des entreprises comme une étape vers la gestion directe et définitive par les travailleurs. Bien qu’elle n’ait pu retrouver ses sections italienne et allemande, la C.I.S.C. s’impose sur le plan international, le syndicalisme d’inspiration chrétienne s’étant en particulier développé en Afrique noire et dans certains pays d’Amérique latine. Sous l’impulsion de la confédération française démocratique du travail (C.F.D.T.), elle abandonne la référence chrétienne et prend le titre de Confédération mondiale du travail. (C.M.T. ou, selon le sigle anglais, W.C.L.). Celle-ci, qui a son siège à Bruxelles, compte quelque vingt millions d’adhérents appartenant à une centaine de pays.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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